1. Les personnages
Tout au long de la confection du film d’animation, les
réalisateurs se sont inspirés de personnages réels et de comportements humains
très caractéristiques pour les replacer dans la fiction. Les deux exemples les
plus parlants sont :
Rémy, un petit rat, arrive dans
un milieu qui lui est à la fois complètement étranger, et pourtant familier.
Indésirable, pourchassé, et condamné par les humains, ceux qui ont acquis le
droit d'être en cuisine, il parvient tout de même à s'imposer. il est à la fois
le regard extérieur sur l'univers de la gastronomie, et le renouveau.
l'"Amateur", au sens propre et au sens noble du terme. C'est par lui
que toutes les sensations olfactives et gustatives sont transcrites dans le
film. Il n'agit pas par lui-même, mais il "goûte" et "sent". Il sent aussi ce que veut le
public, ce vers quoi la gastronomie tend. Il est ce qui vient du monde du
dessous, des égouts, mais aussi du "ventre de Paris". Il nous touche, parce qu'il représente bien
sur la victoire du petit contre les grands, celle de la passion, mais aussi parce qu'il représente tous ceux,
de par le monde, qui se passionnent pour la cuisine. Il est le candidat possible
à toutes ces émissions de télévision qui se battent contre eux-mêmes et contre
le destin programmé pour devenir " Chef ".
Et bien sur, il nous guide dans Paris, " son Paris " des égouts aux toits. |
« Paris ! Quand je pense que pendant tout ce temps j’étais
dans les égouts de Paris ! Oh quelle merveille !
Dialogue du film Ratatouille |
Bernard Loiseau
http://www.jeanpierrevangorp.info/site/?p=2265. |
Auguste Gusteau, le regretté
chef cuisinier du film est son maître, son inspiration. Il est la voix
intérieure, le livre qui lui révèle sa passion. Les scénaristes se sont fortement inspirés
du destin tragique de Bernard Loiseau, considéré comme l’un des plus grands
restaurateurs français. Il est célèbre aux Etats Unis pour avoir fait la une du
New York Times lors de l'introduction en bourse en 1998 de sa société Bernard Loiseau SA, regroupant plusieurs
restaurants, une boutique, et une gamme de plats cuisinés. Il a mis fin à ses jours en 2003, lorsque des
rumeurs ont circulé sur la perte d'une de ses trois étoiles au Michelin. Il
fait partie de cette génération de chefs qui ont renouvelé la cuisine
française, en mettant en avant le goût
du terroir. Mais il commençait à être surpassé dans les faveurs des critiques
par des chefs plus créatifs. C'est sans doute pour cela que les scénaristes ont
donné à Gusteau une silhouette plus proche des
cuisiniers de la génération
précédente.
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Linguini, le "préposé aux
poubelles", jeune et maladroit héros, est le médiateur entre Rémy et le
monde de la cuisine, et son double humain. Il est ses mains, ses gestes, sa
présence visible et acceptable aux yeux de tous. Il se révèle au fil de
l'histoire être le fils naturel et l'héritier de Gusteau. Il y a donc une double filiation, le fils
naturel avec Linguini, et le fils spirituel avec Rémy. Celui qui crée, et celui
qui donne à voir, ce qui n'est pas sans évoquer l'élaboration d'un film. Il est
aussi, bien sur, le personnage indispensable à la " romance", sans
laquelle il n'y a pas de bonne comédie américaine.
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Hélène Darroze
http://download.mcc-pr.com/The%20Connaugh/Helene%20Darroze/ |
Second personnage de la "romance", celui de
Violette s’inspire d’Hélène Darroze qui, comme l’héroïne, s'est imposée par son
talent, son caractère affirmé et sa détermination, indispensables pour réussir
dans ce monde dur et très fermé aux femmes. Hélène Darroze, grand chef
cuisinier de plusieurs restaurants gastronomiques, a gagné sa place grâce à un
subtil mélange entre tradition, modernité, audace et raffinement, ce qui lui
permet d’être l’une des seules femmes à avoir obtenu des étoiles au Michelin. Brunette piquante,
indépendante, Violette Tautou,( est-ce
un hommage à Audrey Tautou?) incarne bien la française telle qu'elle figure
dans l'imaginaire des américains. Les scénaristes n'ont pas manqué de
souligner un des traits de caractère
qu'ils estiment français dans cette phrase du dialogue : "We hate to be
rude... but we're French. So long!"
Elle souligne aussi, par sa minceur et sa coquetterie, l'évolution de l'image de la "cuisine de femmes" depuis l'époque "Mères", comme la Mère Brazier, qui, à dix ans, gardait les vaches, et fut première femme à avoir obtenu, en 1933, trois étoiles au Michelin pour son restaurant lyonnais. C'est chez elle que se formera Paul Bocuse. |
Anton Ego, le critique tant redouté, est le représentant
des guides gastronomiques dont les sentences font et défont les réputations des
restaurants et les carrières des chefs.
Métamorphosé par la ratatouille de Rémy, il retrouve la joie de vivre et le plaisir de la table. |
Les Critiques
http://www.fnac.com/livre.asp |
Louis de Funes dans "Le Grand Restaurant" (1966)
http://www.premiere.fr/Cinema/Photos-film/Photos-acteur/Le-Grand-Restaurant-3345076/%28view%29/photos |
Skinner, enfin, représente tout
ce qui semble détestable dans la culture des "chefs". Il crie, il injurie, et il
est prêt à toute compromission. Ses projets de plats pour micro-ondes
dénoncent sa soif de profit et ne sont
pas sans rappeler certaines alliances que la gastronomie noue avec l'industrie
agro-alimentaire.
Son comportement caricatural et ses grimaces ont été inspirées par ceux de Louis de Funes dans le film de Jacques Besnard " Le Grand Restaurant" |